La lettre d’Emilie (promotion 2012-2013)

A l’attention des futurs Hypokhâgneux… Mais surtout de ceux qui hésitent !

J’étais en section littéraire au lycée, et je me sentais à ma place dans cette voie. Aller en hypokhâgne était une chose qui m’avait toujours paru inaccessible, malgré mes résultats scolaires plutôt satisfaisants. Une amie qui était en prépa m’a pourtant convaincue du contraire, insistant sur le fait qu’en travaillant sérieusement je pouvais y arriver, que de plus ce serait une voie que j’aurais choisie et dans laquelle je pourrais alors m’épanouir. J’ai finalement décidé de mettre Hypokhâgne en deuxième vœu sur Admission-Post-Bac, le premier étant un DUT en journalisme dont j’ai manqué le concours à cause de l’entretien oral. Alors que j’étais « en attente » au lycée Paul Cézanne à Aix en Provence, et refusée à Chateaubriand, le lycée de Cornouaille m’a donné ma chance. Contrairement à ce que l’on raconte, les études de Lettres Supérieures ouvrent bien des portes ! Elles me permettaient également de devenir journaliste. J’ai par ailleurs pris conscience de toutes les voies auxquelles elles permettent d’accéder : la faculté via des ponts, ce qui offre la possibilité de passer directement en 2e année (Lettres, Langues, Histoire, Géographie, Philosophie…). Mais l’enseignement que l’on reçoit ainsi que les méthodes d’apprentissage et d’application nous permettent d’avoir un peu plus de facilités et de mieux gérer notre travail dans les autres licences telles celle de Droit, d’Art… Ensuite, la classe préparatoire de Lettres nous prépare aux concours de grandes écoles comme l’ENS, et tant d’autres. Cependant, elles ne nous ferment absolument pas à ces deux types de parcours. Nous pouvons tout à fait choisir de partir en DUT, BTS, MANA, autres formations… C’est à nous de choisir notre parcours, de trouver ce qui nous correspond. Bien sûr, si la première année nous plait et nous réussit, la suite du chemin se trouve en Khâgne ! Sur ce point, cette année d’étude m’a été d’une aide précieuse. Avec ce que j’ai appris, les personnes que j’ai rencontrées, et au vu de mes résultats dans certaines matières, ainsi que de l’intérêt que je leur portais (il faut savoir que la prépa nous fait parfois redécouvrir des matières, tant l’enseignement est différent ! On est confronté à des études qui ne sont plus aussi scolaires qu’au lycée.) je me suis aperçue que le journalisme n’était pas complètement fait pour moi. L’Art - abordé dans différentes matières - les Langues et le Français m’intéressaient de plus en plus. J’ai découvert la Culture Antique qui m’a passionnée, et le Grec. Je n’en avais jamais fait et j’en ai compris toute l’utilité. Toutes les matières étaient traitées de manière à ce que je sois happée par ce qui était dit. J’ai aussi pris conscience que je ne réussissais pas vraiment en Philosophie, alors que c’était le cas au lycée. Cela permet d’affiner son choix. J’ai pris la décision de partir en BTS tourisme, avec d’énormes bagages pour réussir ! D’autres motifs personnels m’ont conduit dans cette voie, plutôt que dans une autre. (Et pour la petite parenthèse, je n’y suis restée qu’un mois car je m’y ennuyais. Ce n’était pas pour moi. Je suis à ce jour une formation en kinésiologie, comme quoi, après hypokhâgne, tout est possible !) Il faut tout de même dire que ce fut une année très difficile. Un train est en marche, qu’il faut rattraper. Le rythme est soutenu, intensif. Il faut donc apprendre à s’organiser. Une fois qu’on l’est, c’est beaucoup de gagné ! Nous sommes soutenus par les enseignants, voire les amis et la famille. A Cornouaille, l’ambiance n’est pas à la compétition, ce qui favorise la bonne entente et limite le stress. Il y a pas mal de livres à lire et à mémoriser au mieux, de dissertations, d’analyses, d’exposés, de vocabulaire à apprendre. En plusieurs occasions j’ai craqué, et je n’étais pas la seule. Je pensais que je n’étais pas capable de faire cette année, que je coulais, que les professeurs me surestimaient. Ils m’ont alors poussée vers l’avant, m’ont encouragée et j’ai obtenu des résultats qui m’ont prouvé que je pouvais y arriver. Faire Hypokhâgne, c’est repousser ses propres limites. C’est donc normal de trouver tout cela dur, et de penser que l’on n’est pas à la hauteur. Et pourtant… J’ai compris, alors que je n’ai pas confiance en moi, que j’étais capable de bien plus que je ne le pensais ! Afin de contrer quelques rumeurs, je tiens à dire que faire hypokhâgne ne rime pas avec le fait de ne plus avoir de vie sociale. Au contraire, je suis énormément sortie cette année-là. Je me suis beaucoup amusée en parallèle, ce qui est essentiel pour réussir l’année. Il faut souffler. Ce peut être purement pour s’amuser, ou bien mêler cela à l’intellect : sortir au musée, au théâtre, etc. De plus, nous avons, la classe et moi, eut l’incroyable chance de faire un voyage en Grèce en passant par Venise, ce qui nous a beaucoup instruit tout en nous divertissant. Quoi qu’il en soit, cette année fut pour moi un véritable enrichissement. J’ai gagné en autonomie (loin de chez moi, avec de nouvelles personnes, une nouvelle façon de travailler, d’apprendre la vie), en intellect, en rigueur, ma curiosité s’est accrue. De plus, indiquer sur le CV que l’on a fait Lettres Sup’ est valorisant. Cela montre du sérieux et de la culture. C’est pourquoi je conseille vivement de faire cette expérience. Elle en vaut vraiment la peine. Vraiment. C’est la meilleure décision que j’ai pu prendre dans ma vie. J’irai même jusqu’à considérer que la voie littéraire est la plus importante. Elle aide à nous forger en tant qu’Homme. A ouvrir notre esprit, à prendre conscience des réalités de ce monde, à réfléchir, à savoir ce qu’on aime vraiment et à nous connaître un peu mieux.