La lettre de Malvina, 2014

Je m’appelle Malvina, je suis en khâgne en option Lettres Modernes et Théâtre au lycée Edouard Herriot de Lyon pour préparer l’ENS Paris.

Je vis cette année dans un foyer avec uniquement des filles qui sont en prépa. A table, nous discutions et une amie a dit : « De toute manière je crois que c’est impossible de ne pas pleurer une seule fois dans son année de prépa. » Tout le monde s’est accordé pour dire qu’elle avait raison. J’étais la seule à pouvoir affirmer le contraire. J’ai fait mon hypokhâgne au lycée de Cornouaille et je ne me souviens pas de crises de larmes liées aux cours. Si jamais j’ai simplement la mémoire optimiste, je pense que cela n’avait rien à voir avec ce que je vois ou vis cette année. Même si l’expérience de la prépa est toujours enrichissante, je crois que l’année d’hypokhâgne qu’offre le lycée de Cornouaille est assez particulière, et qu’on peut vraiment bien la vivre. Il s’agit d’une très belle expérience. Mes parents me disent souvent « Tu avais l’air tellement heureuse l’année dernière… Parfois nous étions un peu vexés de te voir repartir pour la semaine avec autant d’enthousiasme, comme si c’était mieux là-bas. » Bien sûr, cette année est difficile, cela demande un réel investissement, beaucoup de travail, d’énergie physique. C’est pourtant une expérience magnifique, où les professeurs sont généreux, passionnés et vous accueillent en prenant en compte vos particularités et votre rythme. La classe du lycée de Cornouaille crée un rapport au savoir dans lequel on ne se sent ni écrasé, ni humilié. Les exercices demandés par les professeurs permettent également un travail en groupe très stimulant, éloigné de toute perspective de concours et sans esprit malsain de compétition. Cela permet une motivation, une entraide et un réel enrichissement. Après une année durant laquelle le lycée nous fait travailler dans la perspective du Bac, il est agréable de retrouver un savoir gratuit : la perspective de concours et d’examen est lointaine, cette pression est écartée pour un an. Cette année a été pour moi une réelle ouverture au monde, c’était devenir capable de s’intéresser à tout, de tout comprendre, de tout aborder. C’est vraiment une expérience que je vous souhaite. Vous allez découvrir énormément de domaines divers, vous passionner pour des choses que vous n’auriez pas soupçonnées, aimer des matières que vous n’aviez pas forcément envie d’étudier et avoir du mal à vous en détacher. De plus, avec un peu d’organisation, on peut garder des loisirs, des sorties et des plaisirs en dehors de l’école. Je ne me suis pas du tout sentie abîmée par mon année de prépa, ni fragilisée dans quelque sphère de ma vie, au contraire, cette année m’a donné un élan de vie et d’enthousiasme qui a parfois surpris les élèves de khâgne que j’ai rencontrés au début d’année dans mon nouveau lycée. Sans être totalement convaincue par le système des classes préparatoires, je pense que vivre une année intense dans une classe où les professeurs vous connaissent et vous apportent autant de choses, où vous rencontrez d’autres élèves qui sont intéressés par tout ce savoir, est une expérience magnifique. J’hésitais vraiment à aller en prépa, notamment à cause de ce qu’on m’en racontait et d’un système de préparation de concours qui ne me faisait pas du tout envie. On a fini par me convaincre et heureusement car je n’ai pas du tout trouvé ce à quoi je m’attendais ! Même s’il est arrivé que je doute de moi l’année dernière, ces questionnements étaient très vite balayés, j’ai toujours fini par reconnaître que j’avais fait un très beau choix, que je n’ai jamais regretté, même dans les moments les moins faciles.